Thierry CHURIN - Le château d'Alençon vers 1440
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fig. 13 : entrée De Cessart
Ce dessin qui paraît très sérieux n'est pas exempt d'erreurs, ainsi il existe par exemple un décalage de 70 cm sur la hauteur des tours entre cette façade et celle du côté cour (fig. 14). C'est obligatoirement une erreur du dessinateur.

A l'origine, la façade entre les tours jumelles était percée d'une porte charretière, couverte d’un arc surbaissé, et porte piétonne, dotées chacune d’un pont-levis à flèches.

Selon Odolant Desnos, la façade s’ornait dans le passé des statues du comte Pierre II et de Marie de Beaumont, ce que R. Jouanne corrige, en pensant à une confusion avec les statues de Jean Ier et de Marie de Bretagne.[…]
Sur l’élévation de la façade côté pont-levis, de Cessart (fig. 13) figure 5 longues niches supportées par des consoles sculptées et couvertes d’un dais :
- une, en partie dissimulée, entre la porte piétonnière et la porte charretière ;
- deux non alignées, au dessus des rainures des flèches des ponts-levis ;
- deux autres, à hauteur du deuxième étage du châtelet, placées symétriquement dans l’angle de la façade et des tours latérales.

Par la forme de ces niches et leur implantation sur la façade, notamment dans les angles, la comparaison est évidente avec les cinq niches centrales ornant la façade du châtelet du donjon de Vincennes ; là, dans les trois niches centrales, prenaient vraisemblablement place, à l’exemple un peu postérieur de la façade E de la Bastille, une statue de saint et, de part et d’autre, le roi et la reine.

D’autres exemples de reliefs et de statues de façade dans les créations princières contemporaines (Pierrefonds, la Ferté-Milon, tour Maubergeon à Poitiers) accréditent aussi à Alençon l’existence de ces statues disparues, mais la question des personnalités figurées, Pierre II ou Jean Ier, et leurs épouses respectives, demeure problématique : la représentation de Pierre II s’opposerait à l’attribution du châtelet à Jean Ier par Perceval de Cagny.

Dans les années 1760, toutefois, les statues avaient disparu ; le texte d’Odolant-Desnos peut n’être qu’une simple interprétation des niches encore visibles (I. Chave, 2000, p. 56).


"Élévation actuelle du château d'Alençon du côté de l'entrée"
L.A. de Cessart, 1767-1775. Arch. Dép. Orne, C 246.

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